samedi 8 juin 2013

Vous avez dit "Classes Moyennes" ?

Vous avez dit "Classes Moyennes" ? 
Sans le savoir vous venez de relancer un débat vieux de deux siècles qui depuis n'a cessé de diviser politiciens, économistes et sociologues. Le bon vieux Karl Marx n'y échappe pas, lui qui avait déjà au XIXe siècle pronostiqué leur déclin.

Le question est revenu sur le devant de la scène des Left_Blogs avec un questionnement sur l'impact de la réforme de la politique familiale annoncée par Jean-Marc Ayrault.
Cela commence avec Jegoun et son article "L'UMP et la théorie des classes" en passant par Dédalus et son "Le matraquage fiscal et les classes moyennes" avec un véritable questionnement sur cette catégorie à laquelle s'identifie spontanément les trois quarts des Français.

Source : Observatoire des inégalités

Alors que la frontière entre classes populaires et classes moyennes ne recouvre plus depuis la désindustrialisation et la tertiairisation du pays la vieille distinction entre cols bleus et cols blancs, les classes moyennes sont devenus un groupe très hétérogène auquel s'identifie une population qui se considère ni pauvre, ni riche. 

Classes Moyennes, grandes disparités
Le terme recouvre de grandes disparités de revenus et de situation. En cette appellation vont se reconnaître des personnes qui s'estiment sorties d'un système social précaire tout comme des gens gagnants plus qu'honorablement leur vie. Les premiers s'estiment avoir su maintenir un certain niveau de vie ou s'être élevé socialement de manière significative. Les seconds peuvent estimer gagner très bien leur vie mais bien moins que les 1 ou 2 % des mieux lotis sachant que la courbe des revenus est fortement ascensionnelle sur ces dernières tranches.
Pour les revenus, les économistes, statisticiens ou sociologues utilisent souvent les déciles afin d'éviter de travailler sur des moyennes qui cachent de grandes disparités, mais il ne faut pas oublier que les 1 % de la population touchant les plus hauts revenus les disparités sont vertigineuses (1).

Échelle des revenus déclarés par unité de consommation en 2010 (source INSEE)


Au-delà des revenus, le patrimoine
Autant, les revenus des Français sont systématiquement passés au crible, analysés, mesurés ou sondés autant le patrimoine reste un éternel inconnu ignoré et mal mesuré. Un situation bien paradoxale alors que le patrimoine reste un élément essentiel conditionnant l'appartenance à une classe ou à une autre.
Débattre uniquement sur les revenus est insuffisant si on ne prend pas en compte l’interaction du patrimoine sur le niveau de vie et les phénomènes de surclassement ou de déclassement.
Il serait donc illusoire de seulement identifier les classes moyennes à leurs revenus sans en même temps y corréler la notion de patrimoine.
L'accumulation du patrimoine tout au long de la vie ou par héritage change de façon déterminante la perception des niveaux de revenus, c'est à dire la notion de bien-être matériel. Ainsi, le patrimoine préféré des Français, l'immobilier, n'est pas sans impact dans les grandes zones urbaines ou les zones sous pression où le coût du logement est significatif.
Dans ces zones au-delà des inégalités de revenus, la question patrimoniale est un élément souvent prépondérant hélas peu pris en compte, un exemple flagrant de l'utilité de corréler revenus et patrimoine.


Références : 

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